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  • «L’argent », une récession de la pensée ?

    Ce matin, Mercredi 10 janvier 2007 nous avons eu l’opportunité d’écouter, dans le cadre des petits déjeuners de « Pensez libre » l’exposé de Monsieur Bernard Spitz, Conseiller d’Etat, sur les clivages générationnels et l’avenir du financement des retraites et de la santé en France ; l’avenir paraît gris et nous le savons bien !

    Le constat :

    Un déséquilibre dangereux qui va en s’accentuant entre la baisse du nombre d’actifs et l’augmentation des retraités couplé avec l’allongement de la vie. On vit 100 ans, on travaille à peine 35 ans pour peu que les études se poursuivent jusqu’à l’âge de 25 ans, on ne fait pas assez d’enfants, la pauvreté des jeunes augmente, les gens aisés même moyennement mettent leur argent à l’abri à l’étranger dès qu’ils le peuvent et l’Etat peine à compenser la faillite sociale et financière. Mais comme le disait ce matin une intervenante, cela fait plus de  20 ans que la glissade a  commencé et aucune réflexion n'a engendré d'actions efficaces visant à anticiper les dégâts. Nos réformettes n’ont fait qu’accentuer l’inextricable opacité administrative des systèmes de redistribution de l’argent ruinant l’Etat et provoquant aigreur et incompréhension (par exemple, la prime au logement pour les étudiants de 300 € par an ; « risible » n’est-ce pas !?).

    En simplifiant le propos, je dirai que nous semblons manquer d’argent ! Un paradoxe, pour un pays dit riche ?

    S’agit-il  seulement d’un simple problème de redistribution des richesses ? Je ne suis pas économiste mais je pense que le monde bouge de plus en plus vite et que face à ce vertige notre pensée doit évoluer.

     

    Un choix de société :

    Depuis plus de 20 ans, la France rêve d’une société idéale combinant l’idéologie libérale et l’idéologie collectiviste ; sur le papier …. C’est magique ! Résultat, les gouvernements de droite s’acharnent à faire du social démagogique et les gouvernements de gauche du socialisme capitaliste sans tenir vraiment compte des attentes du citoyen, des enjeux économiques et sans aucun réalisme comme si la France vivait dans une bulle régie par le dogme de la théorie. Conclusion = Un pays en panne et des citoyens frustrés.

    Je pense sincèrement que si les idéologies politiques et économiques peuvent servir à analyser des systèmes de fonctionnement sociaux, il est impératif que l’UDF de par sa position plus pragmatique, semble t-il, soit une force de proposition vraiment innovante car aujourd’hui nous sommes à une période charnière et nos vieux systèmes de pensées ne sont plus adaptés à ce monde, économiquement ultra ouvert, faisant fi des frontières nationales. Il faudra bien un jour dire au français que le rôle de l’Etat ne doit pas se réduire à celui d’un sparadrap ou d’un tiroir caisse et que la France ne peut faire l’économie de suivre un peu l’évolution des comportements européens ou mondiaux sauf à finir noyée.

     

    Education et état d’esprit :

    Il serait sans doute utopique d’imaginer que notre pensée et notre comportement citoyen vont changer d’un coup, dans un élan de ferveur nationale vers une solution économique miracle … Pourtant nous devrions sans tarder réapprendre aux jeunes le sens de l’histoire afin qu’ils connaissent les dangers des idéologies simplistes, qu’ils mesurent l’importance de l’acte citoyen et du bulletin de vote. Tout ne vient pas « d’en haut » ; « l’Etat » c’est  « nous » et non pas seulement un truc bizarre composé de politiciens comploteurs.

    Pourtant, des gouvernements qui se contentent d’à peine 20% des suffrages pour régner seuls, ne sont que de mauvais exemples démocratiques et l’on peut comprendre le désarroi de notre jeunesse face à l’arrogance d’un pouvoir qui perd le sens de l’action politique.

    Je crois comme beaucoup qu’un peuple éduqué avance plus facilement qu’un peuple d’ignares mais dans l’éducation, il y a 3 aspects complémentaires à la formation d’esprits indépendants et forts ; l’exemple des aînés, un enseignement de bon aloi  mais aussi l’écoute et la mise en confiance. Aussi soyons un peu pragmatiques et arrêtons la « diplômite aigüe » qui sévit chez nous plus qu’ailleurs, apprenons à tenir compte des désirs et aptitudes des individus. Il faudrait tout un ensemble de mesures visant à rapprocher le monde de l’éducation du monde du travail ; hors, aujourd’hui nos seuls exemples efficaces mais peu généralisés sont les rapprochements des grandes écoles avec les grandes entreprises et quelques accords avec des métiers de l’artisanat. Quid du reste ? Les universités littéraires, les professions intermédiaires etc… Un pays dynamique n’est-il pas celui qui maintient toutes ses compétences, surtout un pays comme la France reconnue non seulement pour la qualité de ses « cerveaux » mais aussi pour son tourisme, sa médecine, ses activités culturelles… Dès l’école, il devrait y avoir des liens avec l’entreprise, de la TPE à la PMI, française ou étrangère.

    A mon sens, il n’y a pas d’autres moyens de réconcilier notre jeunesse avec elle-même et  récréer le climat de confiance nécessaire à la production de richesse.

    En outre, notre jeunesse a besoin de la transmission du savoir des aînés ; je ne sais pas si on arrivera à reculer de manière efficace l’âge de la retraite (+ 10 ans ?) ; le niveau de fatigue et de vieillissement varie entre individus âgés. Par contre, ne pourrait-on pas employer des seniors actifs (ceux qui le souhaitent) de manière différente moins contraignante physiquement vers des missions de formation ou d’aide même chez l’employeur habituel en créant des structures basées sur le don volontaire afin de rémunérer correctement leur activité (de façon complémentaire ou totale)  et ainsi retarder en douceur les départs en retraite?

     

    Fabriquer de l’argent :

    Je reste persuadée, que l’on ne peut plus continuer à presser le porte-monnaie du citoyen. De toute façon, avec les nouveaux phénomènes de départ à l’étranger des citoyens simplement aisés, seuls les « moyens » trinquent injustement et notre administration est trop complexe pour être gérée plus sainement, sans gâchis. Nous devons donc trouver de nouvelles sources de financement de nos retraites, de la santé et de l’ensemble de la protection sociale. Je ne vois pas d’autre choix que de commencer à changer un peu notre mentalité vis-à-vis du rôle de l’Etat. Nous ne serons jamais disciplinés ou obéissants comme les Suédois alors avant d’admirer le bon sens patriote de nos amis vikings, acceptons nos paradoxes ; nous sommes gueulards, sceptiques, individualistes, ronchons  mais aussi travailleurs et généreux.

    Je suis frappée par la capacité des français à souffrir sincèrement mille morts face à une augmentation de la CSG ou autres taxes et leur capacité à donner pour le Tsunami, le Téléthon ou l’opération « pièces jaunes ». Par ailleurs, il existe en France quelques associations sectorielles dédiées aux œuvres sociales (pompiers, jockeys…)

    J’en conclue que l’action solidaire à grande échelle est possible et il serait intéressant de soutenir légalement et fiscalement la création de grandes structures basées sur des dons volontaires défiscalisés pour compenser l’œuvre sociale de l’Etat.

    Ses grandes structures pourraient aussi avoir des revenus commerciaux (dans la mesure ou les bénéfices seraient naturellement redistribués), par la vente d’objets utiles divers, fabriqués ou offerts par des entreprises au titre de l’action solidaire.

    Il ne s’agit pas ici de compenser la misère mais de tenter de s’en protéger en mettant à profit les qualités citoyennes des Français.

     

    Conclusion :

    Evidemment l’idéale serait de motiver une forte croissance, une forte démographie afin de relancer un fort investissement entrepreneurial et de rendre le pays super attractif avec un pouvoir d’achats suffisant pour calmer les ardeurs de fuite mais au point où nous sommes aujourd’hui si nous ne réconcilions pas le Français avec son pays autour des mesures réelles loin des tours de passe-passe administratifs contre productifs, notre pays deviendra une caricature de république bananière avec d’un côté les élus du CAC 40 et de l’autre les enfants de Don Quichotte.

    Chers amis blogueurs, nous devons réfléchir à des idées neuves ; lors de la réunion de ce matin un intervenant a exprimé l’importance de décisions prises en harmonie avec les attentes du peuple dans son ensemble mais j’ajoute que dans cette démarche nous devons comprendre qu’il s’agit là d’un profond changement de mentalité dans notre approche sociale car  cela nous demande aussi de faire admettre aux syndicats qu’ils ne représentent pas l’ensemble des salariés (moins de 10%) malgré leur capacité mobilisatrice des médias.

    Certes, l’administration et les gouvernements devraient mieux gérer leur budget  mais face à l’ampleur des besoins sociaux, l’Etat aura besoin d’insuffler et de soutenir sérieusement l’initiative privée solidaire ; les grands comptes pourraient donner l’exemple.